Vous avez fondé l’association Tous Curieux. Pouvez-vous nous la présenter et nous dire ce qui vous a motivé à la créer ?
Tous Curieux est une association qui vise à favoriser l’accès à l’art et à la culture dans les milieux modestes. Nous organisons des sorties et des interventions pour des élèves en zones d’éducation prioritaire. J’ai décidé de créer cette association après avoir passé le concours de Sciences Po dans le cadre de la convention éducation prioritaire. Celle-ci permet à des lycéens de préparer le concours d’entrée en suivant des ateliers hebdomadaires portant sur l’actualité, la culture, l’histoire etc. En assistant à ces ateliers, je m’étais rendu compte de notre décalage et du retard que nous avions accumulé durant notre scolarité. J’ai donc voulu questionner la discrimination positive dont nous bénéficions en agissant à notre échelle sur cette question. Ainsi, nous avions décidé de créer avec plusieurs camarades l’association L’Assemblée Des Curieux, devenue Tous Curieux, afin de discuter avec nos camarades d’art à notre manière et d’organiser nous-mêmes des activités culturelles. Aujourd’hui, l’association est implantée dans plusieurs écoles, notamment Sciences Po, et travaille avec une dizaine d’établissements en zone d’éducation prioritaire.
Racontez-nous un moment fort d’une de ces rencontres ou d’un de ces échanges.
Les assemblées que nous organisons au sein des établissements sont souvent des moments de partage très touchants car les élèves font preuve d’une sensibilité et d’un travail remarquables. Une assemblée sur le thème du théâtre organisée au collège Thomas Mann m’a particulièrement marqué. Les collégiens avaient préparé et joué une scène de leur quotidien. Tous les élèves s’étaient prêtés au jeu et le résultat était spectaculaire. Un groupe avait joué une scène de classe, un autre une scène familiale. Les interprétations étaient d’une authenticité et d’une énergie qui m’ont beaucoup touché.
Dans votre livre, salué par la critique, Les baskets et le costume vous vous livrez personnellement. A travers votre parcours, quels messages avez-vous souhaité faire passer ?
J’ai voulu décrire à travers ce récit les difficultés qu’un jeune issu d’un milieu populaire peut rencontrer dans son parcours scolaire et dans son rapport à la culture malgré sa bonne volonté. Mon intention était surtout de mettre à plat ce sentiment de honte que j’ai ressenti au début de ma scolarité et que j’ai beaucoup constaté autour de moi, que ce soit lors de nos interventions, dans mon environnement personnel ou à Sciences Po. Mais surtout, j’ai voulu mettre en valeur le rapport personnel que chacun doit construire et entretenir avec la culture, la sienne et celles des autres.
Vous avez été sollicité par tous les camps politiques. Pourquoi ne pas vous être engagé et cela sera-t-il le cas un jour ?
Je n’ai pas voulu m’engager politiquement car je me méfiais de la récupération politique de notre action associative. J’estime que la cause que nous défendons doit rester indépendante de toute idéologie politique. En tant que responsable de l’association, je ne pouvais également pas engager l’ensemble des bénévoles à soutenir un parti politique en particulier. Cependant, nous restons ouverts à toute coopération et initiatives avec les acteurs politiques.
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